mercredi 4 mars 2009

L'HOMME ET DEMI




"Le dernier homme à qui t'as serré la main, c'est Jamel Debouzze."
"Eh Maurice, t'as perdu ta virginité avant ton père !"
ou encore :
"Tu gagnes à puissance quatre en trois coups, Maurice."

Des pics, des moqueries, des humiliations qui rythment le quotidien de Frère Maurice, dans le civil Maurice Cheuque, docmentaliste au CDI du Lycée Notre Dame des Dunes de Douai et qui ont eu raison de sa patience hier matin. La gendarmerie de Béthune a dénombré pas moins de 94 enfants tués à coups de pieds et de poings, de genoux et de tête : à mains nues - traduction littérale du mot Karaté.

Il faut bien avouer que frère Maurice n'a jamais cherché à contrecarrer les plans de dame nature, cultivant même la ressemblance avec son modèle, puisqu'il a appris très jeune le karaté, ne quittait son stetson que pour communier, gardait une barbe de 15 jours et parlait cht'i avait un accent texan à couper au couteau de survie. Un personnage qu'il était fier d'exhiber dans les allées de l'établissement le week-end quand les élèves rentraient dans leur famille.
Les premiers résultats de l'enquête sont édifiants, il aurait entretenu une correspondance épistolaire de 250 missives avec Marc Dacascos, lui-même incarcéré depuis 4 ans pour attentat à la pudeur dans l'État du Nevada.

Le père Humphuett Mathieu traduit bien la peine qui règne dans les couloirs du pensionnat : "Shérif va nous manquer, maintenant nous allons nous faire marcher dessus par ces petits cons, c'était de la légitime défense, il s'est fait attaqué par une centaine de petits merdeux et il a riposté, il n'aurait pas fait de mal à une mouche, maintenant la drogue va rentrer dans l'établissement, c'est sûre".

Notre monde manque aujourd'hui cruellement de leaders comme Cheuque Maurice, qui se moquent des colibets et qui décrottent la jeunesse de leurs quartiers avec pour seuls atouts leurs propres mains, par une parole, un sourire ou une gifle.
Les prophètes ont pour beaucoup été sacrifiés en leur temps sur l'autel de la différence, sachons nous en souvenir.

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